Le lézard des murailles
Le mois d’août est une période tranquille pour l’activité des jardins. La plupart des espèces animales ont fini de se reproduire, les fleurs de printemps sont fanées et produisent des graines qu’elles envoient voyager à la bonne fortune des vents. La chaleur estivale et caniculaire pousse les êtres vivants à la recherche d’un peu de fraîcheur : l’abri de l’ombre sous les plantes, sous les pierres, ou à l’intérieur d’anfractuosités des murs ou des murets.
Pourtant, certaines petites bestioles se comportent un peu comme des touristes à la plage, sans la fantaisie de pigmenter leur épiderme en se tartinant l’ensemble du corps de crème protectrice. Les reptiles ont une température variable, ils produisent peu de chaleur et ne peuvent vivre sans se réchauffer au soleil.
La Lorraine héberge quatre espèces de Squamates du sous-ordre des Lacertiliens, en langage plus courant il s’agit des lézards. Il y a l’Orvet qui n’est pas un serpent, mais un lézard particulier ayant évolué en perdant ses pattes, devenues gênantes à travers ses navigations principalement souterraines. Trois lézards « vrais » égayent les jardins et les milieux les plus ensoleillés de la région : le Lézard des souches (appelé aussi Lézard agile), le Lézard vivipare et le Lézard des murailles.
Environ 20 cm, dont 12 cm de longueur caudale, il est de couleur brune variable, avec une bande plus sombre sur le flanc et entourée de deux lignes claires et jaunes. On peut le confondre avec le Lézard vivipare, mais ce dernier arbore la plupart du temps des teintes moins contrastées.
On l’aperçoit fréquemment en train de filer le long d’un mur ou bien entre les herbes à l’approche des vibrations de nos pas. Autrement il s’expose en pleine lumière, sur la pierre ou le béton, afin d’emmagasiner l’énergie offerte par les photons.
Les lézards arrivent également à l’intérieur des maisons, de manière forcée et moins heureuse, lorsqu’ils sont attrapés par ces sortes de bandits, prédateurs sauvages de la seule espèce animale capable de domestiquer l’Homme : je parle évidemment des chats. La nature a pourvu ces petits reptiles d’un moyen de défense original contre les prédateurs : si on les saisit par l’arrière ils perdent leur queue, l’appendice frétille comme leurre pendant que le lézard amputé et vivant file sans demander son reste. Une autre queue pourra repousser ensuite, mais elle sera dépourvue de vertèbres.
Texte et photo : Olivier Crouzier